Le Pape demande aux séminaristes d’aimer avec le cœur de Jésus

«Vous vous êtes laissés impliquer dans l’aventure fascinante de la vocation sacerdotale à une époque difficile». L’accueil réservé par le pape Léon XIV aux séminaristes ce mardi 24 juin lors d’une audience au Vatican était des plus chaleureux. Il a remercié les 4000 jeunes hommes présents pour leur joie et leur enthousiasme: «vous alimentez la flamme de l’espérance dans la vie de l’Église!». En 2023, l’Église universelle comptait plus de 106 495 séminaristes en formation.

Une expérience d’amitié avec le Christ

Se préparant à devenir des «serviteurs d’une Église ouverte et en sortie missionnaire», les séminaristes ont dit oui à la vie sacerdotale, un engagement qui «s’accompagne du chemin nécessaire du discernement et de la formation», a expliqué le Saint-Père. En ce deuxième jour du Jubilé des séminaristes à Rome, il a assuré que la première des formations est «l’expérience d’amitié» avec le Christ et les autres séminaristes, une expérience qui se poursuivra tout au long de la vie des futurs prêtres.

Reprenant son appel au soir de son élection le 8 mai depuis la loge de la basilique Saint-Pierre, Léon XIV a demandé à s’effacer devant le Christ: «Lui doit grandir et nous devons diminuer».

Le séminaire, «une école des sentiments»

Dans leur formation, les séminaristes doivent revenir «sur le centre, sur le “moteur“» de leur discernement: prendre en modèle le Cœur de Jésus afin «d’apprendre à aimer et à le faire comme Jésus», a précisé le Souverain pontife, évoquant la dernière encyclique du pape François Dilexit nos. C’est pourquoi le séminaire doit être «une école des sentiments».

Aimer comme le Christ est possible seulement en vivant une vie intérieure, a mis en garde Léon XIV, «là où Dieu fait entendre sa voix et d’où partent les décisions les plus profondes», même dans les blessures qui s’y trouvent. Il y a plus de 1500 ans, saint Augustin encourageait déjà à revenir au cœur pour retrouver «les traces de Dieu». «Sans vie intérieure, la vie spirituelle n’est pas possible, car c’est là, dans le cœur, que Dieu nous parle», a résumé le Saint-Père, qui a suivi sa formation de prêtre aux États-Unis au début des années 80.

Depuis la basilique où est enterré le premier évêque de Rome, Léon XIV a ensuite listé quelques conseils pour vivre cette intériorité: la prière, «chemin privilégié vers l’intériorité», l’invocation de l’Esprit Saint pour saisir «la présence de Dieu, notamment en écoutant les voix de la nature et de l’art, de la poésie, de la littérature  et de la musique, ainsi que des sciences humaines», ou encore en s’isolant du monde hyperconnecté. «Sans la rencontre avec lui, nous ne pouvons même pas vraiment nous connaître nous-mêmes».

Formation théologique et humaine

Au cours de leurs années de formation, soit environ sept ou huit ans, les séminaristes suivent des cours de philosophie, de Bible et de théologie. Le Pape leur a demandé de suivre l’étude théologique en écoutant «les voix de la culture» mais aussi en gardant à l’esprit «les défis récents de l’intelligence artificielle et ceux des réseaux sociaux».

Mais la formation est avant tout humaine: «sachez écouter le cri souvent silencieux des petits, des pauvres et des opprimés et de tant de personnes, surtout des jeunes, qui cherchent un sens à leur vie», a encouragé le Souverain pontife.

L’art du discernement: «méfiez-vous de la superficialité»

Mais le principal défi pour les séminaristes est celui du discernement, un chemin qui passe d’abord par leur cœur. Pour ce faire, Léon XIV encourage à prendre «des moments quotidiens de silence, de méditation et de prière». Pour lui, la jeunesse avec tous ses désirs et ses ambitions peut «encombrer» le cœur, et il est primordial de garder du temps pour méditer.

Un autre point essentiel pour le Saint-Père est celui de la maturité humaine, «surtout affective et relationnelle». Il a invité les futurs prêtres à «apprendre à nommer et à exprimer aussi la tristesse, la peur, l’angoisse, l’indignation, en apportant tout cela dans la relation avec Dieu». «Les crises, les limites, les fragilités ne doivent pas être cachées, elles sont au contraire des occasions de grâce et d’expérience pascale», a-t-il assuré.

Témoins de la gratuité du Christ

En concluant, le pape américain a demandé aux séminaristes de témoigner «de la gratitude et de la gratuité du Christ», «dans un monde où règnent souvent l’ingratitude et la soif de pouvoir, où la logique du rejet semble parfois prévaloir». Pour aimer avec le cœur du Christ, Léon XIV a encouragé les jeunes hommes à laisser «le Saint-Esprit “oindre“ votre humanité avant même l’ordination».

À l’image du cœur du Christ, «bon Samaritain de l’Humanité», les séminaristes sont appelés à faire de leur vie «un don d’amour». Alors que l’Église cherche toujours à mieux formés ses prêtres, Léon XIV a donné une mission aux séminaristes: «de ne jamais se contenter du minimum, de ne pas être seulement des récepteurs passifs, mais de se passionner pour la vie sacerdotale, en vivant le présent et en regardant vers l’avenir avec un cœur prophétique».