La fraternité est plus forte que nos origines ethniques

En pleine guerre ethnique, en 1997, quarante jeunes séminaristes ont été placé devant leurs bourreaux et il leur fut demandé de s’identifier à savoir de quel groupe ethnique ils appartenaient. Tous ont refusés, insistant qu’ils étaient des frères. La suite fut tragique, et ils furent assassinés froidement.

À cette époque, on voulait éliminer les Tutsis, comme au Rwanda, mais ces jeunes de 11 à 17 ans, ont voulu poser un regard de foi et en se disant tous frères en Jésus Christ, vérité de tous les baptisés. Pour cet acte de défiance, Ils ont été tués dans leur dortoir. Même ceux qui ont essayé de se cacher sous les lits furent atteints de grenades envoyées sur le plancher. Dans ce dortoir, les murs, les lits, le plancher, parlent plus forts que les mots!

Depuis cette tragédie, un sanctuaire dédié aux martyrs de la fraternité a été construit sur le terrain du séminaire. Lors de ma visite, plusieurs jeunes des lycées autour y étaient venus pour leur messe mensuelle. On y voit les illustrations des visages des jeunes martyrs qui nous interpellent à la fraternité universelle et à la solidarité dans toute épreuve.

Tous les dimanches, ce sont les jeunes du séminaire qui animent la célébration au sanctuaire, lequel est de plus en plus fréquenté par tout le peuple du Burundi et des pays voisins. Je crois sincèrement que le sang des jeunes martyrs se transforme en une bénédiction pour tous les jeunes du pays. C’est pourquoi ils sont nombreux à demander l’entrée dans les séminaires. Bien formés à s’engager au nom de leur foi et des valeurs chrétiennes, je les ai vu partout impliqués dans leur milieu social et leurs communautés chrétiennes.

Une moisson abondante!

Lors de notre voyage, j’ai pu également constater une réalité tout autre que la nôtre. Au Séminaire Saint-Jean-Paul II de Gitega par exemple, la capacité de recevoir les séminaristes est à son maximum : 120 grands séminaristes se préparent, avec une soixante d’externes venant de communautés religieuses, au ministère sacerdotal. Certains sont préparés pour partir en mission ad gentes dans d’autres pays.

Au Séminaire Saint-Charles Lwanga, de Bururi, il y en a tout autant! Mgr Salvator, évêque du diocèse de Bururi, a déjà envoyé 24 de ses prêtres en mission au Canada francophone, en Belgique, en France, en Italie et d’autres pays d’Afrique. Ici au Canada, nos vocations, on les garde généralement pour nous, mais si on avait vraiment l’Esprit missionnaire, nous ferions comme l’Église du Burundi ou de bien d’autres Églises, et nous nous répondrions avant tout à l’exhortation du Ressuscité : « Allez, de toutes les nations, faites des disciples! »

Enfin, au Grand séminaire St-Curé d’Ars de Bujumbura, n’ayant pas assez de place dans les dortoirs, on a dû bâtir un nouvel édifice pour loger d’autres séminaristes! En entrant dans leur chapelle, j’ai pu apercevoir sur la fresque géante le Christ qui dit : « Je vous ferai pêcheurs d’homme! » Puis une autre qui dit : « La Moisson est abondante! »

Je peux vraiment témoigner qu’au Burundi, la moisson, fruit d’une grande pastorale d’évangélisation chez les jeunes, est abondante, et que la pêche dépasse le territoire du petit pays si généreux en vocations missionnaires. Comme on chante par chez nous, en Acadie : La pêche sera bonne, partons la mer est belle, embarquons-nous, pêcheurs ! Ceux-ci voient l’Étoile qui guide les matelots, qui appelle les missionnaires au large, à la fraternité universelle !

C’est en visitant le petit séminaire Sainte-Famille de Mugera, qui célèbrera son centenaire en 2026 et qui est situé près d’une des plus anciennes églises du temps des missionnaires, que j’ai rêvé de la fraternité et de la Sainte Famille que nous sommes appelés à former, tous les croyants en un seul Dieu et Père.

Cette montagne où se trouvent ces lieux centenaires est devenue un lieu de rassemblement, de pèlerinage marial, prophétique de notre avenir.  Je vous l’avoue, j’aurais bien aimé y rester. Mais la Mission doit se poursuivre pour en arriver là!

Vous désirez soutenir la formation de futurs prêtres dans les territoires de mission?
Parrainer un séminariste et ensemble, faisons grandir l’Église universelle!