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03 Nov 2022

« L’amour du Christ est la plus belle folie qui soit » : témoignage d’un prêtre de demain

Alors qu'il se prépare pour être ordonné prêtre, un séminariste camerounais nous partage quelques moments importants de son parcours.

Je m’appelle Gérald Fabrice Endamena. Je suis séminariste du Cameroun, de l’archidiocèse de Bertoua, à l’est du pays. Je suis à ma dixième année d’expérience d’études. En ce moment, je fais un stage avant de recevoir l’ordination diaconale. Je voudrais succinctement partager avec vous, trois grands moments de ces dix années intenses de la sequela Christi (à la suite du Christ): l’appel, mon temps au séminaire, et mes moments de stage.

Comment ai-je ressenti l’appel?

Tout a été un concours de circonstances. Ma mère n’avait que 15 ans quand je suis né. Elle a eu beaucoup de mal à m’éduquer toute seule, car mon père a nié et décliné toute responsabilité parentale.

Selon ma famille maternelle, la solution idoine pour que je reçoive une éducation de qualité, a été de m’interner au Petit séminaire Saint-Paul de Mbalmayo pour faire mes études secondaires. J’y ai passé sept bonnes années de ma vie, me laissant séduire chaque jour par une vie de prière et les bonnes carrures de mes formateurs prêtres, tous très jeunes et bien dans leurs soutanes. Depuis lors, rien ne s’est plus arrêté : j’ai quitté les beautés extérieures pour aller vers celles intérieures, en apprenant chaque jour à découvrir et à mieux connaître le Seigneur dans mon intimité, pour me façonner comme il le désirait et selon le désir qu’il m’en inspirait.

Mon temps au séminaire : qu’en est-il?

Le grand séminaire fut un lieu et un temps décisifs dans ma formation. J’en ai fait trois : la maison de propédeutique, à Doumé ; le Grand séminaire Notre-Dame de l’Espérance, à Bertoua pour la philosophie ; et le Grand séminaire Notre-Dame de l’Immaculée Conception de Nkolbisson, à Yaoundé pour la théologie.

Du point de vue intellectuel, je me suis très bien distingué. Les grands enjeux pour moi se situaient dans les sphères de la formation humaine et spirituelle. Je trouve que le séminaire est un temps complexe, plein de contradictions entre ce que l’on veut pour soi-même et ce que disent vouloir les autres pour nous, tant dans les rapports entre ceux qui forment et ceux qui sont formés, comme ceux entre nous séminaristes. Comme dans l’Évangile, c’est, pour ainsi dire, le temps des vierges qui sont en attente de l’époux dont elles ignorent l’heure de son arrivée… Il faut donc se faire des provisions d’huile et rester en éveil. (cf. Mt 25 1-13) C’est aussi, et surtout, le temps des Apôtres au cénacle. L’Évangile nous apprend qu’ils étaient, certes, en prière; mais comment étaient-ils dans leurs cœurs avant la descente de l’Esprit-Saint ? Apeurés, en discernement, joyeux, inquiets, découragés, anxieux, impatients et tristes ?

J’ai connu toutes ces sensations au séminaire, tant dans mes moments de prière comme lors d’autres moments.

Mes moments de stages : un défi missionnaire

Selon moi, mes stages ont trois buts : m’imprégner du contexte dans lequel vit le peuple qui est à évangéliser ; acquérir une expérience pastorale concrète ; et acquérir de la maturité.

Dans mes dix années, je compte sept ans complets d’études et de séminaire, et trois années de stages parmi lesquels celui que je fais présentement. Je le vis dans un village dans l’Est du Cameroun, nommé Yoko-Betougou. Le milieu est très enclavé. Le peuple est très attaché à leurs traditions et très peu ouvert à l’évangélisation. Les gens vivent de la chasse, de la pêche et de l’agriculture vivrière.

Je prêche avec l’assistance d’un traducteur et j’apprends leur langue. J’observe beaucoup pour apprendre à mieux les connaître et je réfléchis davantage pour trouver des moyens de les intéresser à la vie en Église.

Autre l’enclavement, ce qui constitue les misères de ce peuple c’est le manque d’éducation scolarisée – faute de d’argent et de motivation – ; les mariages ainsi que les grossesses précoces (les filles ont entre 11 et 14 ans) ; enfin, la malnutrition.

Je partage dans mon cœur le poids de toutes ces misères. Je vis dans ma chair la même malnutrition, car ils m’offrent comme repas ce qu’ils mangent eux-mêmes. Et je parcours des kilomètres chaque weekend pour prêcher dans leurs différentes communautés dans des conditions inconfortables.

Face à cette misère primitive qui m’affecte tout autant que ces pauvres de Dieu, je crois que l’amour du Christ est une folie : la folie du sacrifice et du don de soi ; la plus belle folie qui soit, car elle est sagesse de Dieu.

Un grand merci au directeur national des OPM au Canada, le père Yoland Ouellet, o.m.i., pour l’accompagnement, et à l’Œuvre pontificale de Saint-Pierre-Apôtre (Prêtres de demain) pour la collaboration.

 

(Photo: pexels.com/Leslie Toh)

 

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